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Fiches techniques



Nettoyage des minéraux. Principes de base




1. Introduction:

Lorsque “Monsieur-tout-le-monde” se balade devant les vitrines d’un musée ou les stands d’une bourse, il ne peut souvent retenir une expression d’émerveillement devant ces cristaux qui enchantent le regard et qu’il croit être des chefs-d’oeuvres absolument naturels. Il pense même —comme certains collectionnneurs peu au fait des réalités du terrain (si!si! il y en a!)— que toutes ces merveilles existent telles quelles sous nos pieds ou aux tréfonds de quelques ténébreuses galeries de mines malfamées! Pourtant —et tout homme de terrain vous le confirmera— une telle croyance est relativement fausse. Ces beaux objets considérés comme naturels sont en fait, la plupart du temps, des objets travaillés! Bien évidemment, nous n’allons pas dire qu’ils sont artificiels mais une chose est certaine: ce qui est exposé dans les vitrines des collectionneurs est souvent loin d’être ce que l’on observe in situ, dans la fameuse “Nature”. Sur place (et en place) on rencontre plutôt de grands placages sans âme et sans relief, souvent corrodés ou alors de minuscules fissures dans lesquelles s’enchevêtrent des cristaux mal formés. A cela il faut ajouter l’argile, les oxydes de fer, les wads, la chlorite, les racines, les lichens et “j’en passe, et des meilleures” comme autres agréments envahissant les poches! On n’oubliera pas non plus les effondrements, responsables de ces fatras de cailloux entassés dans les poches et qui pourraient sembler de bien piètre intérêt si le regard exercé du collecteur-prospecteur ne reconnaissait pas dans tout ça —parfois!— la présence de cristaux ou de pièces de collection un tant soit peu dignes d’être récoltées. Ce que le profane découvre au fond, sur un stand, n’est bien souvent que l’aboutissement d’une série d’opérations pratiquées sur des objets, certes spécifiques, mais originellement (presque) sans valeur ou sans l’envergure que leur apporte une préparation adéquate.

Pour bien fixer les idées, il faut retenir qu’un beau caillou est souvent et avant tout un morceau de matière que l’on a isolé de son environnement, lavé, traité avec divers produits chimiques, rincé, retraité, re-rincé, “trimé”, égrisé, bref que l’on a “bidouillé” par toute une série d’opérations pour lui donner l’apparence sous laquelle on l’expose dans une vitrine. On est donc loin de l’image d’Epinal, qui voudrait nous faire croire qu’au fond des trous scintillent de tous leurs feux on ne sait quelles chimères cristallines!

D’un autre côté, il ne faut tout de même pas croire que les techniques de préparation transforment un échantillon au point que lesdites techniques soient plus assimilées à de l’alchimie qu’à une simple mise en valeur! Loin s’en faut, et les interventions pratiquées sur une pièce sont et restent limitées, codifiées par des usages globalement admis par la communauté des collectionneurs. Ce n’est d’ailleurs que dans ce cadre strict qu’un échantillon pourra encore être qualifié de “collection”. Dépasser ces limites est alors considéré comme une falsification. Cela dit, on notera que la frontière entre l’acceptable et la fraude est avant tout culturelle. Ainsi, il est accepté en Europe, de réduire artificiellement la taille d’un échantillon par des procédés mécaniques ou de le débarasser de ses encroûtements de limonite, de wads, de calcite ou même de quartz. Par contre, le recollage est considéré comme une fraude. Il n’en est pas de même chez les collectionneurs américains qui, dans certaines situations bien définies, acceptent ce genre de pratique. C’est notamment le cas pour certaines tourmalines, découvertes brisées dans les poches, et dont les morceaux sont tout bonnement recollés afin de reconstituer le ou les cristaux originels. Il en est de même pour l’application de laques améliorant l’éclat ou le “resurfaçage” des cristaux où, là encore, ces interventions peuvent être partiellement admises outre Atlantique. Inutile de préciser que face à ces pratiques, en France, les collectionneurs hurlent à la fraude!

On voit donc qu’un beau caillou est loin d’être un simple objet trouvé tel quel dans la nature! Il est surtout le résultat de préparations dont les limites sont tout à fait arbitraires et simplement fixées par des règles culturelles.

L’objectif de la série d’articles que nous allons consacrer sur le nettoyage, dans ce site, est de faire le point sur les méthodes plus ou moins admises et sur le matériel couramment employé tant sous nos latitudes que chez nos confrères d’outre Atlantique. Et tout cela, en vue de découvrir comment transformer une médiocre “pavasse” récoltée au fond d’un trou glaiseux en une véritable pièce de collection.

Bien évidemment, là encore nous nous lançons sur un nouveau terrain où pratiquement rien n’a été fait ou, en tous les cas, publié à l’intention des amateurs. Tout au plus, peut-on trouver un (excellent) article signé par E. Asselborn et Tavernier ou bien encore une étude assez intéressante publiée dans les premiers numéros du Monde et Minéraux. Depuis, ces articles nous ont été resservis à diverses sauces dans des “remakes” plaggiés et truffés de conseils cocasses. Parmi les quelques conseils stupides prodigués, nous ne citerons que les fameuses hottes de chimistes recommandées pour la manipulation des produits chimiques et que l’on trouve, comme chacun le sait, chez n’importe quel amateur!

C’est la bien évidemment un exemple choisi mais qui souligne l’énorme lacune en matière d’écrits pratiques et réalistes sur le sujet. Ne soyons donc pas trop surpris si cette lacune suscite autant d’imprudences que de précautions inutiles quant à la manipulation des produits chimiques.

Nous n’avons pas la prétention de vouloir combler tout ce vide informatif, l’entreprise serait vraiment trop chimérique. Notre objectif se limite, comme pour nos fiches de gîtes que nous avons publiées dans le périodique “GITES MINERAUX”, à simplement nous lancer dans un chantier de débroussaillage.

Dans ce premier article, nous vous invitons à rentrer dans le vif du sujet en abordant le grand principe de base dans la préparation des cristaux .

2.Principes de base dans la préparation des cristaux:

Le grand postulat de base que tout “aspirant-préparateur” doit parfaitement bien assimiler, surtout concernant l’usage des produits chimiques, est qu’il n’y a pas de recettes types. Autrement dit, il n’existe pas de manière rigoureuse, systématique ou reproductible un produit ou une méthode pour enlever tel ou tel encroûtement ou pour obtenir tel ou tel résultat. Seuls règnent de grands principes de base qui donnent de relativement bons résultats sauf ... quand ils n’en donnent pas!

Une boutade? Pas tant que ça, car à y regarder de plus près, on découvre vite qu’un spécimen minéralogique est loin d’être le corps parfait que voudrait le laisser croire la formule chimique idéale le définissant. Dans la nature, un morceau de quartz ce n’est pas un composé chimique de formule SiO2. C’est bien sûr beaucoup de silicium et d’oxygène, mais c’est aussi des substitutions (ex: Al, Fe...), des impuretés, des inclusions fluides et donc d’autres éléments chimiques qui appartiennent indirectement à ce morceau de quartz et avec lesquels il faudrait composer. Si en plus, ce bout de quartz est sur gangue, on arrive vite à un corps extrêmement complexe dont le comportement chimique est difficile à prévoir en toute rigueur. Et bien évidemment, d’un gisement à un autre, voire sur le même site, tous ces paramètres “constitutifs” peuvent varier! Toujours dans le domaine des idées erronées, il en est une autre trop souvent répandue dans le milieu amateur et à laquelle il faut tordre le cou: celle concernant les limonites, les wads ou les argiles. Rappelons que ces “produits” ne sont pas des espèces définies. Pour les deux premiers, ce sont des mélanges de différents minéraux de fer et de manganèse (pour l’essentiel) dont la complexité n’a rien à envier aux argiles qui sont, elles, surtout des espèces alumino-silicatées (mais pas toujours!) . A cette compléxité intrinsèque, il faut ajouter, pour simplifier encore un peu plus la chose, que ces matériaux se font un malin plaisir à se mélanger non seulement entre eux mais aussi avec d’autres espèces!

On voit donc qu’en manipulant un spécimen que l’on voudrait simplement encroûté de ceci ou de cela, le plus idéalement du monde, on est en fait en train de tripoter un corps extrêmement compliqué. Alors bien évidemment, quand on soumet ce spécimen à un produit chimique, lui, par contre bien défini, il ne faut pas s’étonner si parfois le résultat escompté n’est pas au rendez-vous!

Cela dit — et il faut quand même le souligner— les principes de base sont dans l’ensemble relativement opérants. Il faut simplement ne pas perdre de vue que les effets des différents procédés de préparation ne sont pas systématiquement les mêmes et qu’on peut toujours avoir de drôles de surprises, même dans les opérations les plus simples ou les plus classiques. C’est pourquoi, en général, et ce sera notre première règle, il est conseillé de toujours effectuer des tests préalables pour juger le comportement d’un échantillon à traiter.